Traduction du Code civil cambodgien
Un rapide historique du Code civil cambodgien
Sous le protectorat français de 1863 à 1949, le système juridique cambodgien s’est reconstruit et s’est ancré dans le modèle romano-germanique. Le premier code civil cambodgien, promulgué le 25 février 1920, fut rédigé par des experts français et naturellement fortement inspiré du code Napoléon de 1804. Disponible uniquement en langue française, le Code civil de 1920 n’était accessible qu’à l’élite cambodgienne et peinait à s’imposer auprès du peuple. Il fallut attendre 1967 pour qu’il y ait une traduction du code en langue khmère (lors de sa première révision). Cela permit une véritable application du Code à tous les niveaux de la société, d’autant que la maîtrise préalable de la langue, des concepts et des mécanismes contenus dans le Code avait été déjà préalablement acquise par deux générations d’élites cambodgiennes, les quatre-vingt-six ans de protectorat ayant permis à la France d’y diffuser son modèle (ce Code est resté en vigueur jusqu’à l’arrivée des Khmers Rouges en 1975).
Les nouveaux code de procédure civile et Code civil
Dans une volonté de réforme du système juridique et judiciaire, le gouvernement du Royaume du Cambodge a sollicité l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) afin de l’aider dans la compilation et l’harmonisation de ces textes de lois en matière civile. Il convient de rappeler que le Code civil japonais, lui-même inspiré du Code civil allemand, est de tradition romano-germanique comme le Code civil français.
Ainsi, les nouveaux code de procédure civile et Code civil sont respectivement promulgués en juillet 2006 et en décembre 2007, mais une disposition du nouveau Code civil précisait que sa mise en application nécessiterait une autre loi. Celui-ci n’est finalement entré pleinement en vigueur qu’au mois de décembre 2011. Il aura ainsi fallu attendre trois décennies après les Khmers Rouges pour que le Cambodge ait à nouveau son Code civil.
Le nouveau Code civil, dont la vocation est générale et recouvre tous les aspects de la matière civile, est, en effet, venu non seulement bousculer les habitudes des praticiens ; mais a également abrogé un certain nombre de notions pour les remplacer par de nouvelles. Plus qu’une compilation d’anciens textes de loi, le nouveau Code civil se voulait être une véritable réforme de l’ensemble du droit civil cambodgien. Le long délai entre la promulgation et l’entrée en vigueur du nouveau Code était ainsi justifié pour permettre une continuité et une cohérence dans le droit civil cambodgien. Malheureusement, si l’objectif affiché était d’adapter le système juridique aux réformes économiques de marché tout en respectant les traditions et les coutumes cambodgiennes, les exigences de clarté, d’accessibilité et d’intelligibilité de la loi pour les citoyens, nécessaires à la sécurité juridique, n’ont pourtant pas été satisfaites.
Quel rôle pour l’Association Henri Capitant dans la traduction du nouveau Code civil cambodgien ?
Bien que le nouveau Code civil soit, en théorie, en vigueur, les problèmes de compréhension de son texte demeurent en effet bien réels et empêchent celui-ci d’être pleinement appliqué.
C’est la raison pour laquelle, l’Association Henri Capitant Cambodge souhaite soutenir les efforts entrepris pour que celui-ci soit mieux compris et correctement appliqué. En ce sens, la méthodologie choisie par l’Association Henri Capitant Cambodge est simple et se présente sommairement de la manière suivante :
- Puiser dans le vocabulaire du texte khmer du Code civil de 1920 pour proposer des amendements au texte du nouveau Code civil ou pour l’annoter par des commentaires à chaque disposition problématique ;
- Pour y parvenir, sur la base de la nomenclature franco-khmère des années 1960 lors de la traduction du code de 1920, il sera alors procédé à la traduction en français de l’ensemble du nouveau Code civil ;
- Permettre à une équipe d’experts juridiques français de travailler avec des experts juridiques khmers pour retrouver les cheminements techniques qui permettront de réinsérer dans le texte du nouveau Code civil les terminologies juridiques cambodgiennes justes et correctes ;
- Mettre en place une équipe de juristes cambodgiens de formation civiliste – par exemple les anciens étudiants de la filière francophone de droit de l’Université Royale de Droit et des Sciences Economiques (URDSE) pour animer des sessions de sensibilisation, des conférences et des sessions de formations continues dans le pays et à l’adresse des universitaires, des écoles professionnelles et des praticiens.
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à nous contacter.
Crédit : Julia Berkowicz
Source images:
Carte: https://casls.uoregon.edu/mosaic/FR_mosaic/africa/FR_U4A3/dmap2.jpg
Code Civil: http://lawcambodia.blogspot.com/2011/12/civil-laws-civil-code-in-cambodia.html