Cycle de conférences 2019/2020 : Industrie 4.0

Comme chaque année, l’Association Henri Capitant Cambodge organise un cycle de conférences portant sur des thèmes actuels. C’est donc tout naturellement que le thème de l’année 2019/2020 s’est porté sur l’Industrie 4.0.

 

Le 31 octobre dernier, s’est tenue à l’Université Royale de Droit et des Sciences Économiques (URDSE), la conférence-débat introductive sur le thème : «  Industrie 4.0 : Enjeux et impacts des développements technologiques sur la société « .  

Son Excellence, Monsieur Saroeun Peou, Vice-Recteur de l’URDSE, puis Monsieur Prasnar Yi, Président de l’Association Henri Capitant Cambodge ont introduit cette conférence en remerciant chaleureusement, d’une part, l’intérêt porté par  chacun des intervenants à l’invitation d’Henri Capitant Cambodge et d’autre part, Son Excellence, Madame l’Ambassadrice de France qui a fait l’honneur de sa présence. 

Cette conférence a offert la possibilité de prendre de la hauteur sur l’évolution industrielle et de découvrir, ou de mieux cerner, l’Industrie 4.0. Les intervenants ont mis l’accent sur les concepts liés à l’industrie 4.0, la « smart industry», qui a fait l’objet de nombreuses communications et articles dans la presse internationale ces derniers mois. 

En effet, l’Industrie 4.0 est la première “Révolution industrielle” qui n’est pas une révolution basée sur l’énergie ; c’est une révolution purement intellectuelle, fondée sur les mathématiques. Le concept de l’Industrie 4.0, présenté pour la première fois à la foire de Hanovre en 2011, se caractérise par la convergence du monde virtuel, de la conception numérique, de la gestion (opérations, finance et marketing) avec les produits et objets du monde réel. La principale caractéristique de cette industrie 4.0 tient à la fois de la décentralisation et de la rationalisation tout en tenant compte, de façon inédite, de la problématique du réchauffement climatique, enjeu majeur du XXIème siècle. 

Monsieur Hisham Mousar, membre du Conseil Scientifique de HCC, a émis des pistes pour gérer cette quatrième révolution industrielle. Selon lui, l’État tout en favorisant cette Industrie 4.0 ne doit pas jouer un rôle moteur. Ainsi, si l’État sait gérer la continuité, il en est autrement de la rupture comme l’on peut trouver dans chaque nouvelle ère industrielle.

Pour survivre, les grandes entreprises doivent former, dès a présent, une fédération de petites entreprises qui commercent les unes avec les autres et qui échouent aussi pour la plupart d’entre elles. 

Son Excellence Monsieur So Sovannarith a indiqué que l’ASEAN sera, à l’horizon de 2020, la quatrième plus grande région économique au Monde et ce grâce à une urbanisation rapide et a un taux de croissance de 5% pour les années à venir (2020-2024). L’ASEAN pourra être un acteur majeur de cette nouvelle économie, dite “digitale” si elle poursuit sa volonté d’encourager la formation numérique tout en garantissant l’accès à une énergie fiable et abordable. Ceci constitue la clé d’une croissance réussie vers l’économie numérique de la société de demain. 

Cette Industrie 4.0 soulève également des enjeux juridiques et particulièrement celui de la protection de la vie privée et des données personnelles. Dr. Rothna NGORN a souligné, à juste titre, que la collecte de données de masse à travers notamment les réseaux sociaux, les sites de commerce électronique peut générer un risque élevé d’abus de collecte, d’utilisation, de traitement et de transfert non autorisés.  

En ce qui concerne le Cambodge, aucune loi spécifique n’existe sur la protection de ces données personnelles, comme il peut exister en Europe avec le Règlement General sur la Protection des Données Personnelles (RGPD) entré en vigueur en mai 2018 et le Règlement sur la protection de la vie privée et les communications électroniques, connu sous le nom de Reglement ePrivacy qui entrera en vigueur en 2020. Selon le règlement ePrivacy, les données collectées doivent toujours rester confidentielles et toute interférence avec la communication de ces données, que ce soit directement par un humain ou par des processus automatisés, sans le consentement de l’utilisateur, est interdite. 

Au sein du royaume, la protection de la vie privée et des données personnelles est régie par le principe général issu de la Constitution et du Code civil cambodgien. 

Un projet de réglementation de protection de ces données personnelles est actuellement en cours au sein de l’ASEAN. La majorité des pays de cette région privilégie une loi globale sur les données plutôt que divers textes sectoriels. Par conséquent, si le contenu se rapprocherait davantage du système européen qu’américain, rien n’est encore certain pour le moment. 

Comme la, à juste titre souligné Dr. Rothna Ngorn, si l’Industrie 4.0 soulève des questions juridiques, il permet également de faciliter le travail des juristes. L’une de ces opportunités consiste à l’utilisation de l’intelligence artificielle par les offices de propriété intellectuelle, à travers la recherche d’antériorité, l’enregistrement des droits d’auteur, l’examen des brevets et marques notamment. 

Aussi, Son Excellence, Monsieur Dim Sovannarom, porte-parole de la Commission électorale nationale, a présenté les intérêts de cette économie digitale sur le système des élections au Cambodge et a affirmé que celui-ci garantissait une plus grande transparence. 

Pour conclure, Son Excellence, Kan Chanmeta a encouragé les étudiants à saisir les opportunités offertes par cette Industrie 4.0 en se formant; dès a présent; à ces nouveaux outils afin de s’adapter au mieux à la société du futur.  

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